La vie commence à Tocane, il y a 100 millions d’années, à l’époque du crétacé. C’est ici sur le fond de la mer,que va se déposer une épaisse couche (100m de haut) de sédiments calcaires, énorme accumulation de micro organismes( le plancton) , avec des huitres, des oursins, et des éponges aujourd’hui fossiles. Cette craie, les géologues l’appellent le calcaire campignien, car elle est semblable à celle de la champagne pouilleuse. Au sein de cette masse, le silice s’agglomère souvent en banc de silex.
La mer s’étant retirée beaucoup plus tard, il y a seulement 1 ou 2 millions d’années, la rivière dont les débits vont devenir plus importants, va creuser ici son lit ou plutôt ses lits successifs, car elle s’enfonce peu à peu, se creuse dans le sol, laissant de part et d’autre des terrasses étagées.
Entre Tocane et Montagrier la vallée s’étale en une série de replats séparés par des talus taillés dans les calcaires et les marnes du campanien( roche sédimentaire,mélange de calcite et d’argile dans la période campanéenne entre 83 et 72 millions avant notre ère )
Construction des différents replats ;
Chaque hiver, les eaux de crue recouvrent les prés marécageux de la plus basse terrasse, la plus récente ( 65 m au dessus du niveau de la mer )parsemée à l’intérieur de ses graviers de débris de tuiles à rebord de l’époque gallo-romaine.
La deuxième terrasse plus haut située ( altitude 75 m ) correspond à un niveau plus ancien de la rivière. Elle porte aujourd’hui les maisons de Tocane et est hors d’atteinte des crues. Son sol est riche en graviers , galets de quartz, schistes cristallins avec des silex moustériens vieux de quelques 50 à 10 000 ans .
La troisième terrasse (altitude 95 à 100m) a vu s’édifier St Âpre. Si l’on creuse on trouve toujours des galets, mais aussi des rognons de silex noirs et parfois des coups de point acheuléens ( silex taillés préhistoriques ) vieux de 200 000 ans, outils des plus anciens Périgourdins.
Sur la quatrième terrasse (altitude 130 à 135 m), sont les maisons du hameau de Puyponchet et, sur la cinquième, la plus haute (altitude 170 m) et la plus ancienne se dresse le château de Fayolle.
Le calcaire crayeux s’élève en de molles collines; c’est bien ici le Périgord blanc, avec ses champs labourés et leurs terres arables presque blanches.
Sur la Crête à 230 m d’altitude entre Chantepoule et le parc de Fayolle, le massif calcaire est couvert de dépôts plus récents (une dizaine de millions d’années ) faits de sable à galets de quartz que l’on peut assimiler à des dépôts fluviatiles de l’époque pliocène (5,5 à 1,8 millions d’années)
Extrait du livre de Pierre Pommarède : Tocane et St Âpre oubliés Edition Pierre Fanlac 1987